jeudi 27 juillet 2017

De cauchemar et de feu par Nicolas Lebel


Résumé :

Paris, jeudi 24 mars 2016  : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front.
À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules  : IRA.
Le capitaine Mehrlicht fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu.

Dans ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale

Avis

Ayant lu les deux premiers livres (et pas le troisième encore....) avec l'équipe de Mehrlicht, je me suis plongé avec une grande joie dans ce quatrième livre. Les deux premiers m'avaient enchantés de part l'histoire, l'écriture et surtout l'humour ! 

Dans ce nouveau livre, on se plonge dans l'histoire de l'Irlande du Nord et de la guerre entre catholiques et protestants que nous connaissons très peu en France. Ce que beaucoup connaissent de cette guerre c'est le "Bloody Sunday" à travers la chanson du groupe U2 mais aussi du film du même nom. Mais ici on va beaucoup plus loin....
Ce tueur qui sévit dans Paris est né de ce conflit. Il a été façonné depuis son enfance à travers différents événements. Mais il faudra être patient pour connaître son identité et les raisons qui le pousse à tuer.
Le livre se construit donc entre des retours dans le passé et le présent.

Notre équipe d'enquêteurs n'a pratiquement pas changé. Mehrlicht a toujours son humour qui nous ravi à chaque fois ! Certains répliques sont vraiment hilarantes. Cela permet au lecteur de souffler un peu dans cette enquête sombre et difficile. Mais au fur et à mesure on sent qu'il va passer un cap dans sa vie en général. 
Pour Dossantos et Latour, les choses ont beaucoup changés et vont changer encore dans ce livre. Ils restent cependant égal à eux même. Pour Dossantos, quand on a lu le précédent livre, on comprend qu'il n'en a pas fini avec ses anciens démons.
On les aime toujours avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont devenus
Quant à la stagiaire de l'équipe, elle a été pour moi très transparente. On se rend compte très vite qu'elle ne fera pas long feu dans le métier.

L'enquête est intéressante et aussi complexe. Elle reste très floue pendant longtemps. Il y a beaucoup de pistes et nos enquêteurs vont avoir beaucoup de mal à comprendre ce qui relie tous ces meurtres. Seul le lecteur sera tout. Mais il devra aussi être patient avant de connaître l'identité du tueur.
Les retours en arrière sont nécessaire pour comprendre le présent. Au début du livre, ces retours dans le passé sont parfois très dense et riche en détail. Ils m'ont un peu perdu dans le rythme de lecture tellement il y a de choses qui se sont passés. 
Ce conflit va être abordé depuis ses débuts jusqu'à maintenant. On va voir les débuts à travers les yeux d'une bande de copains qui va se prendre de plein fouets cette guerre. On va les voir grandir au milieu de ce conflit. Et à un moment chacun devra choisir son camp.... J'ai trouvé cela très intéressant pour mieux comprendre ce conflit et l'impact qu'il a pu avoir et qu'il a toujours sur ceux qui ont participé.
On peut mettre ce qui se passe en parallèle avec ce que nous vivons aujourd'hui avec le terrorisme. On  ne parle pas de l'Islam dans le livre mais du Catholicisme et de manière plus global de l'extrême auquel peut mener la religion. Ce parallèle va aussi plus loin avec l'ambiance du Paris dans lequel on est qui est celui d'aujourd'hui avec la menace terroriste et le plan vigipirate ainsi que l'état d'urgence. L'atmosphère est donc parfois lourde mais à l'image de la réalité.

Comme dans les précédents livres, l'écriture est absolument parfaite. L'humour est vraiment le plus dans ce livre.
Le petit plus qui donne à lui seul beaucoup de rythme au livre, c'est le compte à rebours présent à chaque début de chapitre. On sait ainsi qu'un gros événement se prépare pour la fin. 
Il y a cependant des moments qui m'ont paru très long comme au début du livre quand nous sommes dans le passé. La description de certaines scènes est parfois très longues et m'a un peu perdu.

On peut dire que Nicolas Lebel confirme son talent d'écrivain avec ce livre extrêmement passionnant dans lequel on apprend beaucoup. Comme les précédents c'est un coup de cœur ! On s'attache vraiment à cette équipe que l'on espère retrouver peut être pour un prochain livre.



Éditions : Marabout - Date de parution : 3 Mai 2017 - 416 pages

samedi 15 juillet 2017

Rien ne se perd par Cloé Mehdi


Résumé :

Une petite ville semblable à tant d'autres... Et puis un jour, la bavure... Un contrôle d'identité qui dégénère... Il s'appelait Saïd. Il avait quinze ans. Et il est mort... Moi, Mattia, onze ans, je ne l'ai pas connu, mais après, j'ai vu la haine, la tristesse et la folie ronger ma famille jusqu'à la dislocation... Plus tard, alors que d'étranges individus qui ressemblent à des flics rôdent autour de moi, j'ai reconnu son visage tagué sur les murs du quartier. Des tags à la peinture rouge, accompagnés de mots réclamant justice ! C'est à ce moment-là que pour faire exploser le silence, les gens du quartier vont s'en mêler, les mères, les soeurs, les amis... Alors moi, Mattia, onze ans, je ramasse les pièces du puzzle, j'essaie de comprendre et je vois que même mort, le passé n'est jamais vraiment enterré ! Et personne n'a dit que c'était juste...

Avis :

Un livre d'une jeune auteure qui a reçu autant de prix vaut la peine qu'on s'y intéresse....
Ce livre ne se passe pas dans une ville précise. Cela m'a un peu dérouté mais très rapidement ça n'a plus été le cas car on comprend que cette histoire pourrait avoir lieu dans n'importe quelle ville.
On est dans une banlieue qui pourrait très bien être celle de Paris ou de Marseille. On pourrait aussi croiser les personnages dans une de ses banlieues.

Alors où est la force de livre ? Son originalité ?

Elle réside d'abord dans le personnage que l'on suit en majeur partie : Mattia. C'est un petit garçon de 11 ans avec qui la vie a été très dure. Son père s'est suicidé en HP et sa mère l'a abandonnée pour le confier à un homme dont le passé est très troublé. Il va se retrouver confronté au poids du passé : le sien et celui de la ville dans laquelle il habite. Ce petit garçon va devoir grandir plus vite que prévu. Il fait preuve d'une très grande maturité pour son âge. Il est à la fois très attachant mais on ressent comme une forme de respect. Malgré tout ce qui lui arrive, il reste debout et il se bat. Il se retrouve face à des adultes qui ne veulent pas lui dire la vérité sur ce qu'il se passe et ce qu'il s'est passé. On va donc demeurer comme lui dans une forme d'inconnue sur ce qu'il se passe vraiment et ce qu'il s'est passé. C'est à la fois frustrant mais très intéressant. On fait mille et une hypothèses et ainsi quand on découvre la vérité, on se prend une grande claque mais on a aussi mille et une question.

Dans ce livre on aborde beaucoup de thèmes qui peuvent être polémique. L'auteur nous donne un point de vue sur ces thèmes. 
Le premier dont il est beaucoup question est la violence policière. Ce thème est très actuel et on pense forcément à des affaires récentes. Je pense qu'il ne faut pas faire une généralité sur le sujet : tous les flics ne sont pas des salauds. Avec les personnages on a le point de vue de la famille de la victime. On ne tombe pas dans l'extrême mais on est, selon moi, sur le fil en permanence. On aborde aussi le point de vue des flics mais de manière trop légère. 
Avec ce thème, on parle forcément de la justice et de l'égalité dans le traitement des affaires. Là aussi on pourrait penser que l'on tombe dans la caricature mais on est bien obligé d'avouer que les choses se passent souvent ainsi : il y a d'un côté les privilégiés, les intouchables et de l'autre ceux qui par leurs origines ne vont pas être traités de la même manière. 
Il est aussi question de l’hôpital psychiatrique. Rien de polémique ici car je pense que la manière dont cela est abordé reflète la réalité. Mattia en parle de son point de vue à lui avec ce qu'il a vécu à travers son père mais aussi avec ce qu'il vit avec la copine de son tuteur. Il a peur lui aussi d'y être confronté. C'est donc à travers le point de vue d'un enfant avec toutes ses peurs que l'on en parle.

Mais la grande force de livre, c'est pour moi son écriture. Elle est brute et très directe. Mais elle est aussi très belle. Elle transmet des émotions très fortes. Elle est aussi le reflet du point de vue de cet enfant de 11 ans à qui on ne dit pas tout. On sent la rébellion dans les mots qui grandi et qui peut tout faire exploser. Les descriptions sont très simples mais on imagine très vite le lieu et l'ambiance sombre de cette banlieue. On a envie de croire qu'il y a un peu d'espoir mais encore une fois on colle à la réalité.
Certains chapitres ne sont pas du point de vue de Mattia. C'est nécessaire pour faire avancer l'histoire. On peut ainsi faire mieux connaissance avec ceux qui entourent ce petit garçon. 

La fin du livre est brutale mais inévitable. Mais elle conclue parfaitement cette histoire terriblement actuelle. 

C'est un grand livre écrit par une toute jeune romancière qui je pense n'a pas fini de nous surprendre. C'est un livre qui donne UN point de vue mais qui pousse aussi au débat de part les thèmes abordés.
La promesse faite par les nombreux prix est tenue : c'est un roman noir d'une grande qualité.

Edition : Jigal - Date de parution : 15 Février 2017 - 296 pages

jeudi 6 juillet 2017

Au jour le jour de Paul Vacca


Résumé :

Espérant trouver un nouveau souffle, Eugène Sue, feuilletoniste à succès, décide de s'aventurer dans les bas-fonds de la capitale, travesti en ouvrier. À quelques encablures seulement des beaux quartiers, il découvre, ébahi, la réalité poisseuse des faubourgs. Un monde nouveau s'ouvre à lui, baroque et hanté : celui de la pauvreté et du crime. De cette immersion naissent Les Mystères de Paris. Un succès miraculeux qui hypnotise la France entière, de l'ouvrier au ministre, et dont la rédaction quotidienne devient une aventure virevoltante mêlant dans un délicieux vertige la réalité à la fiction...
Au Jour le Jour rend un hommage complice à ce genre populaire et addictif qui s'inventait alors, plus d'un siècle avant les séries télévisées ! Il révèle aussi l'étonnante puissance de la littérature à changer nos vies et à réinventer le monde... même quand elle s'écrit au jour le jour.

Avis

Ce livre est une plongée dans le Paris d'avant la révolution au début des années 1840. Nous suivons le personnage d'Eugène Sue qui a réellement existé. On va faire sa connaissance dès son retour de l'armée mais surtout de sa grande ascension en tant que feuilletoniste à succès de l'époque et dans l'écriture de son roman à succès Les Mystères de Paris. Mais pour vivre la vie qu'il souhaite, il devra aller contre l'avis de son père qui préfère qu'il devienne comme lui un très grand médecin. Il veut se sentir vivant et vivre un peu une vie de bohème pour trouver sa place dans la société. Pour arriver à vivre cette vie il va devoir le faire sans que sa famille ne le sache.

Il va être amené à découvrir le roman feuilleton (très en vogue à l'époque) et il va vouloir s'y essayer. Grâce à ça il va découvrir une autre facette de sa ville qu'il aime tant. Ainsi il fera des rencontres qui vont changer sa vie et sa façon de voir les choses.
On voit ce personnage évoluer tout au long du livre. Au début il nous parait un peu hautin et en même temps complètement fou. Il part dans tout les sens tellement il veut vivre de nouvelles choses et surtout les vivre pleinement. Mais au fur et à mesure qu'il découvre les bas fonds de Paris, il semble changer et prendre conscience de la chance qu'il a de ne pas avoir à vivre dans le besoin malgré les quelques problèmes financiers qu'il a. Il en devient même attachant comme d'autres personnages de ce livre.

L'ambiance de ce Paris d'autrefois est très bien retranscrite. Que l'on soit dans la riche bourgeoisie ou dans les quartiers mal famés, on imagine très bien le décor et même les odeurs. On ne tombe jamais dans la caricature pour les personnages du livre. On se rend vraiment compte de ce qu'il se passait à l'époque selon la situation sociale. Vers la fin du livre, on voit qu'Eugène ne peut plus rester sans rien faire par rapport à ce qu'il voit et entend. Il se sert de la parole qu'il a pour prendre position et inciter au changement. J'ai trouvé que ce passage avait un côté très actuel même si il est question d'une époque et que les conditions de vie ne sont pas exactement les mêmes.

Les deux gros points positifs du livre, selon moi, sont : l'écriture et la construction de l'histoire. Ces deux éléments donnent un rythme au livre qui en fait un page turner. L'écriture est absolument divine. Dès le début j'ai été séduite. Il y a un côté poétique et même chantant. Quand Eugène est dans les bas fonds de Paris, l'auteur utilise le parlé de l'époque. Cela donne beaucoup crédibilité au récit mais aussi une certaine musicalité que j'ai adoré.
L'histoire est aussi construite comme un roman feuilleton. Quand on finit un chapitre ou une partie il se passe souvent un événement qui fait que l'on veut connaitre la suite rapidement. L'action y est aussi pour quelque chose. Le narrateur s'adresse par moment à nous et ainsi on se sent impliqué dans cette histoire, on vit les choses avec les personnages et surtout avec Eugène.

Ce livre est drôle, intelligent et c'est un vrai tourbillon d'émotion et de poésie. Ce n'est pas un coup de cœur mais j'ai passé un excellent moment de lecture. Ce roman devrait plaire à tout les passionnés d'Histoire et à celles et ceux qui veulent en connaitre un peu plus sur cette époque.

Édition : Belfond - Date de parution : 2 Février - 384 pages